LÕU.YETU gate
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LÕU.YETU, ce « o » avec un tilde que je ne trouve même pas sur mon clavier de téléphone. Cela m’évoque ces parents qui nomment leurs enfants avec des prénoms recomposés : Louanna.
Ou encore, proposent une orthographe particulière, unique, à l’image de leur reproduction : Quévinne.
Beaucoup d’efforts pour un rendu discutable.
Un point entre les deux parties qui composent le nom de la marque, pour bien se distinguer. Pas un seul article de presse n’arrive à respecter cette graphie.
Dans l’optique de vous offrir une réflexion holistique et très sincère, puisque celle-ci m’est demandée, j’aimerais aborder le sujet du design des produits et du positionnement de la marque.
Digression sur le thème de la mode
Si mes yeux pouvaient vomir…
J’aime les gros bijoux, comme moi : francs et massifs.
J’aime aussi porter des bijoux des marques avec une véritable identité. Un bracelet mixte développé par une marque dans un esprit genderless, des bijoux étudiés comme des pièces d’architecture avec des lignes graphiques, des bijoux rococos que j’associe à un style classique…
L.Y, c’est l’équivalent bijoux de Sézane.
Typiquement, des enseignes pour CSP + de province qui ont l’impression de s’acheter un style en s’offrant des produits de la marque. C’est un passeport bourgeois pour nanas en peine de goût. C’est rassurant.
C’est peu durable également. Tu sais très bien que si tu remets cette robe bohème avec ces fleurs violettes et oranges, achetée la saison dernière, toutes les jeunes femmes du groupe sauront que c’était la collection printemps-été d’il y a deux ans (…).
Je n’en fais pas une obsession mais j’ai toujours eu une sensibilité esthétique et une intuition en mode. J’essaie de ne pas me faire convaincre par des tendances très courtes et marquées qui visent à nous faire acheter plus. C’est dur, j’en conviens et j’ai fait de nombreuses erreurs qui tapissent actuellement ma page Vinted.
Point branding
Je n’ai pas pris le temps d’étudier toute la littérature produite autour de cette histoire. Cependant, par curiosité et déformation professionnelle, j’ai été lire et étudier (rapidement) les pages dédiées au manifesto et aux valeurs de L.Y. J’ai trouvé cela intéressant d’étudier le message de la marque.
Des catchlines me plaisent : Des bijoux qui résistent à la vie !…
Mais pas à la mode.
Le détail est soigné, avec parfois un peu d’humour maîtrisé : Faire des newsletters incroyables est notre seconde vocation !
Globalement, je trouve que c’est de la soupe.
Poireau-carotte, avec un peu trop d’eau et pas assez de sel.
Ici, nous célébrons la femme.
Ici, où, d’ailleurs ? Rue du Temple ?
J’ai l’impression d’entendre un crooner gênant des années 80 ou de revoir ce cinquantenaire relou qui m’a draguée dans un bar en, ponctuellement, me cognant sur le bout du nez avec son index. ALÈDE.
Je pourrais m’étaler des heures, je vais faire simple et relever surtout ce combo sirupeux. Il s’agit d’un medley de toutes les formules qui me donnent de l’eczéma :
Ici nous regardons la vie avec des yeux d’enfants, avec des yeux grands ouverts, des yeux qui pétillent. On s’émerveille, on régresse tendrement, le temps d’un instant.
Je ne comprends pas le message.
Je vois une accumulation de phrases pour faire bien et c’est loupé pour moi. Pourquoi le temps d’un instant ? OK, c’est un gimmick narratif qui fait genre on a fait un beau paragraphe, on le termine en poésie. Et non, je n’ai pas envie de régresser.
Ha, la baseline : Bijoux espiègles !
C’est tout à fait personnel mais le mot « espiègle » me donne envie de m’arracher la peau avec une cuillère à pamplemousse. Je ne me sens comme devant Malaise TV ou la vidéo du Noël en famille de notre dernière Miss France.
Ce mot forceur à la sauce Bibliothèque rose (que j’ai adorée) m’embarrasse.
Ça me fait penser au mec que je rencontre sur les réseaux sociaux et qui écrit « jadis » ou « naguère » pour me faire une démonstration de vocabulaire et me montrer qu’il est érudit.
La dénonciation
Je tiens à préciser que ne suis pas une fan absolue des lanceurs d’alerte de l’Internet et des témoignages anonymes.
Je trouve la dénonciation et la délation sur les réseaux globalement délétères.
J’essaie toujours de raisonner d’abord par principe et de considérer ensuite, les exceptions et les particularités pour apporter de la souplesse.
Parfois, la démarche du compte (de l’entité) qui agrège les témoignages et les restitue est sincère. C’est un vrai moyen pour les victimes de s’exprimer – parfois le seul – et j’ai le sentiment que c’est le cas ici.
Souvent, je le déplore, on ajoute « phobe » derrière un mot pour inventer un bad buzz ou un combat, créer des faux sujets et se donner l’impression d’être un Zoro de l’Internet.
Et surtout, faire parler de soi.
On se trouve trop sexy, en vidéo, à défendre la veuve obèse et l’orphelin transgenre. On réduit le monde à sa propre individualité, on n’accepte plus d’être dérangé, heurté. On s’invente une sensibilité exacerbée pour trouver un prétexte afin de témoigner et se sentir exister.
Les gens de l’Instagram font leurs choux gras de cette indignation collective. Ils se servent de vous, de nous.
C’est un travail mais j’essaie d’accepter que tout ne me plaise pas et c’est normal, c’est la vie en société. Je partage des coups de gueule et des soupirs, je donne mon avis en essayant de ne pas systématiquement prendre à partie les lecteurs et tout soumettre à la vindicte populaire. Et si je l’ai fait, je reconnais que c’est pas beau.
En principe, toujours, des lois existent pour protéger les salariés et sanctionner le harcèlement, la maltraitance psychologique ou la discrimination. Cependant, saisir le conseil des Prud’hommes n’est pas souvent intuitif et facile. *
J’ai toujours connu de bons patrons, mais dans ma jeune vie active, j’ai rencontré un maximum de clients abusifs, odieux et/ou déconnectés. Naturellement, j’ai été très tentée de les dénoncer.
Des dizaine.
Mais cette histoire m’évoque tout particulièrement une « fondatrice de marque » pour laquelle, à l’époque où j’ai été associée, j’ai travaillé 15 jours. Froide avec un accent parisien emprunté (qu’il faudrait rendre). Un discours de marque se voulant bienveillant et conscious, le truc too much, qui dégouline à chaque post, comme pour se rassurer soi-même.
« VOYEZ J’AIME LES GENS, JE L’ÉCRIS. C’EST ÉCRIT, DONC J’AIME LES GENS ! » Une rhétorique brillante. 👌🏻
Plus de 90 mails sortants, amenant à plus de 90 mails de réponse (en 2 semaines, hein ?). Des consignes contradictoires livrées à mon associée, de cette nature : « Assis, debout, assis, debout…! » etc.
Je serais policier en garde à vue, j’utiliserais ces moyens pour appuyer mon autorité, soumettre et aliéner le prévenu.
J’assume cette comparaison.
Rupture de contrat en cours de période, nous n’avons pas demandé à être rémunérées pour ces 15 jours en enfer mais la fondatrice a tout de même tenu à nous préciser que nous ne serions pas payées (…). Dans sa grande élégance, celle-ci nous a également rappelé le prix de vente TTC (soyons précis) des produits qu’elle nous avait fait parvenir.
Bien sûr que ces gens, puent et ne passent pas au travers du radar de ma grande lucidité (lawl) mais, il fallait bien bosser. Parfois on a pas le choix, parfois, on a rien d’autre.
Faible, j’ai identifiée la marque dans un post piquant après avoir vu qu’elle cherchait désormais non pas à travailler avec une agence pour nous remplacer, mais un stagiaire. Ça m’a fait du bien, c’était comme pisser après 4 bières.
Elle a tout compris ! C’est moins cher (sur le papier), tu peux lui faire croire que s’il comprend rien c’est car il est en trop vert ou mauvais et que se faire engueuler relève de l’apprentissage.
« Le monde du travail ne te fera pas de cadeau ! ».
Elle a menacé de m’attaquer en diffamation si je ne supprimais pas mon post ou cette identification. Legit. Mais… puisque nous jouons aux apprentis juristes : quid du harcèlement et du recours abusif aux stagiaires ?
Désolée, je suis moins facile à impressionner que ceux que tu recrutes habituellement.
* Maintenant que je ne fais que de belles rencontres, je ne porte pas un regard affectueux sur ces épreuves, elles étaient simplement mauvaises et non formatrices.
Je n’ai rien appris de technique ou d’intéressant concernant la nature de mon boulot et quand bien même… ça n’est pas un prix à payer.
J’ai été épuisée, dégoûtée, je n’ai fait que l’expérience de ce que je savais déjà : l’humain peut-être mauvais, égoïste, bête et vicieux.
Je n’oublie rien et j’ai rencontré beaucoup de gens qui par fainéantise, passaient à autre chose et m’invitaient à le faire.
Si on ne dénonce pas certains comportements dangereux, leurs auteurs impunis continueront.
La réponse de la marque
Analyse de texte
Je comprends, le temps pris pour répondre (3 jours). Je préfère cela à une réponse nerveuse parce qu’il « faut être réactif sur les réseaux ».
Cependant, je ne parlerai pas ici de « temps de la réflexion ».
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Nous ne pouvons faire circuler des choses fausses ou infondées.
Qu’elle est la nuance ?
Ce que je comprends, du coup : infondées = C’est vrai mais vous n’avez pas de preuve, vous êtes bien attrapés !
Bien sûr et j’y tiens : tout le monde a un droit de réponse et je considère le principe du contradictoire fondamental. D’ailleurs il l’est, en droit(s) civil, pénal et administratif, ça n’est pas une appréciation personnelle.
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Le mot atelier est au pluriel puis au singulier. C’est peu clair cette histoire.
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Malgré l’anonymat de ces témoignages nous sommes attristés à leur lecture.
En quoi l’anonymat des témoignages les rend moins forts, moins bouleversants ?
C’est une maladresse de style qui laisse clairement entendre qu’on remet leur existence ou leur contenu en question.
Nous en prenons la mesure.
Après avoir démenti, ça sonne comme un aveu, non ?
Nous sommes ouverts au dialogue…
Étant donné la nature des témoignages, je crois que personne n’a envie de discuter.
Je me représente la scène, fin de déjeuner, une ex salariée harcelée à la fondatrice de L.Y :
– TKT, meuf, on oublie tout, pas mal le pinard ! On fait moit’-moit’, j’ai reçu mon chômage !
J’aurais peut-être préféré, dans la mesure où cela m’intéresse, un mot de la fondatrice, qui est accusée directement, à une note qui engage la marque et la tient à distance. Enfin, il y a deux écoles…
Je ne dirai rien sur la forme, je crois que vous n’avez pas besoin de mes lumières.
Une communication de crise à l’image des produits, c’est cohérent.